Critères pour des opérations d’imposition de la paix de l’Union européenne, notamment en République démocratique du Congo (débat)
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, comme nous venons de l’entendre, les Nations unies ont demandé à l’Union européenne et l’ont invitée à apporter sa contribution aux élections du Congo en envoyant une mission militaire. Quelle doit être notre réponse?
Nous devons garder à l’esprit un certain nombre de choses. Tout d’abord, nous devons nous demander si, en ce moment précis, l’Union européenne dispose des capacités nécessaires pour mener à bien une telle opération. Ma deuxième question est la suivante: n’avons-nous pas d’autres priorités dans le proche voisinage de l’Union européenne, dans les Balkans par exemple, où le maintien de la paix est notre mission première? Troisièmement, ne risquons-nous pas, dans ce cas-ci, de nous retrouver impliqués dans un conflit dont il sera difficile ensuite de s’extirper rapidement? Telles sont les questions que je ne cesse de me poser à cet égard en tant que député.
D’un autre côté, ainsi que le président en exercice du Conseil l’a indiqué, force est d’admettre que l’Union européenne a un intérêt dans la stabilité de ce pays situé au cœur de l’Afrique. Le fait que l’Union européenne est elle aussi concernée ne devrait faire aucun doute pour tous ceux qui ont été témoins de la situation à Ceuta, Melilla ou Lampedusa et des scènes terribles qui se sont déroulées à ces frontières avec la pauvreté. La stabilité en Afrique est dans l’intérêt de l’Union européenne et de ses citoyens.
Nous devons prendre conscience de notre responsabilité vis-à-vis de l’ONU. Nous devons faire clairement savoir que la prévention de la violence, qui est le but de cette opération, va dans le sens de la stratégie de l’Union européenne en matière de sécurité. Nous ne devons par ailleurs pas oublier qu’un grand nombre d’observateurs du Parlement européen et d’autres parlements œuvrent déjà au Congo, sous la direction de M. Morillon, en vue de sécuriser ces élections.
Quelles sont nos conditions à une intervention de l’Union européenne au Congo? Il doit tout d’abord y avoir une limite temporelle claire. Il ne peut s’agir d’une intervention en vue de stabiliser l’ensemble du Congo - c’est une tâche à long terme qui incombe aux Nations unies. C’est la raison pour laquelle 17 000 soldats de l’ONU sont déployés au Congo. Nous devons concentrer nos efforts sur le bon déroulement des élections le 18 juin prochain.
Deuxièmement, il doit y avoir des modalités de transfert claires, précisant de quelle manière les Nations unies, d’une part, et l’armée congolaise, d’autre part, reprendront en charge ces activités au terme de notre intervention. Il doit également y avoir une frontière géographique. De même, il doit être clair que le Katanga et les provinces de l’est du Congo continueront à relever de la responsabilité des Nations unies et pas de l’Union européenne.
Il doit en outre être clair que cette opération a un caractère clairement européen. Elle ne doit pas impliquer une ou deux nations européennes seulement, mais beaucoup plus. Nous devons recevoir une invitation officielle de la part du gouvernement intérimaire. Ici aussi, il semble encore y avoir des doutes par rapport à ce qu’a réellement dit le gouvernement du Congo.
Mais surtout, il nous faut un plan convaincant, un plan capable non seulement de convaincre les fauteurs de troubles qu’il est préférable d’accepter les résultats de l’élection, mais aussi d’encourager les citoyens congolais à exercer leur droit de vote. Ce n’est que dans ces conditions que l’Union européenne et le Parlement européen seront d’accord avec cette mission. Nous devons maintenant obtenir, au plus vite, des réponses aux questions en suspens.